Il est urgent de reconnaître et d'écouter la parole des habitant.es

6 juillet 2023

En cette semaine particulièrement douloureuse, la FCSF a souhaité adresser un message à l’ensemble des centres sociaux du réseau.

En cette semaine particulièrement douloureuse, la FCSF a souhaité adresser un message à l’ensemble des centres sociaux du réseau.

Tout d’abord, nous sommes tous et toutes choqué.e.s, indigné.e.s, révolté.e.s mais aussi parfois accablé.e.s ou découragé.e.s par la mort du jeune Nahel, tué par un policier dans des conditions inacceptables.

Nous sommes aussi particulièrement touché.e.s par les violences qui secouent de nombreux quartiers ces derniers jours, et qui touchent parfois jusqu’aux centres sociaux. Ce sont ainsi plus d’une dizaine de centres sociaux qui ont déjà été brulés ou fortement vandalisés.

Ce message veut ainsi marquer toute notre solidarité aux habitant.es des territoires touchés, aux membres de notre réseau meurtris par ces événements, à toutes celles et tous ceux, habitant.es, bénévoles, professionnel.les des centres sociaux (et des autres structures) qui sont mobilisés la journée, le soir, la nuit pour éviter d’autres drames, pour ne pas rompre le lien.

Notre place et notre posture dans ce moment sont singulières et complexes. Notre place particulière, aux côtés des habitant.e.s, tout en étant aussi parfois l’émanation ou le symbole d’une politique publique, peut amener de l’ambiguïté. Un centre social attaqué, c’est, pour certains, une institution publique qui est visée. Mais, pour beaucoup, le centre social est le dernier espace de lien social, de dignité, de service, de relais des services publics, d’expression de la parole des habitant.e.s, et d’accompagnement de projets collectifs… Les nombreux témoignages de mobilisation des habitant.e.s, des bénévoles et des professionnel.le.s suite aux incendies des structures ou en prévention de ceux-ci, mais aussi en médiation sont forts de sens et montrent l’attachement à ce bien commun qui nous relie. Cette mobilisation force aussi notre admiration.

Mais la situation que nous vivons actuellement nous interroge et nous oblige collectivement aussi.

Elle nous interroge pour comprendre.

La violence n’est jamais la solution, elle sème le trouble, amène de la confusion et des amalgames. Que des bâtiments et transports publics, des commerces de proximités, des écoles, des centres sociaux soient saccagés et brûlés nous affecte profondément. Cette violence qui s’exprime semble être aujourd’hui – malheureusement – convoquée comme le format d’expression d’une jeunesse discriminée, de territoires oubliés, de traitements inéquitables. Depuis des décennies, malgré les émeutes et signaux d’alerte, la situation dans les quartiers populaires se dégrade, les services publics reculent, les habitant.es expriment le sentiment de compter moins que les autres, se sentent exclus… tout cela fait le lit de cette incompréhension et de cette colère.

Il est urgent de reconnaître et d’écouter la parole des habitant.es de nos territoires face aux inégalités et aux discriminations quotidiennes, qu’elles soient liées à l’âge, l’origine, au statut social voire à la pauvreté et qui sapent le lien avec la République et ses représentants. Il est urgent que des réponses structurantes soient apportées pour y remédier. Il est urgent de retravailler en profondeur la relation entre les forces de l’ordre et les jeunes des quartiers populaires. Il est urgent que le droit commun soit pleinement, totalement commun. Il est urgent de reconnaitre que les quartiers prioritaires sont effectivement prioritaires !

Nous, acteurs.trices des centres sociaux, continuons à répondre présent.e.s dans ces moments terribles, aux côtés des habitant.e.s. Nous sommes aux côtés des expressions de douleurs, de colères et de solidarités qui s’expriment. Gardons notre énergie de l’agir et du faire ensemble sur les territoires et à l’échelle fédérale :  pour prendre soin de chacun et chacune face au traumatisme et à la colère, pour reconstruire là où ce sera nécessaire, pour imaginer de nouvelles actions de solidarité et de lien social, pour porter davantage encore auprès des pouvoirs publics, à chaque échelle de notre réseau, nos constats sur la situation dans les quartiers et contribuer à ce que la parole des premier.res concerné.es puisse être entendue et prise en compte.

Notre réseau est et restera présent et c’est avec beaucoup d’admiration et de soutien que le bureau national de la FCSF adresse ce message au réseau.

Solidarité, respect et détermination !

Le bureau de la FCSF, pour le Conseil d’Administration